vendredi 21 mai 2010

Le théatre, c’est comme la vie… quand c’est parti, c’est fini !

Pour les amateurs, s’il en reste, c’est moins que sûr mais bon, le titre est issu d’une très vieille petite annonce d’Elie Semoun.
Ca, c’était pour poser l’ambiance.

Et donc, depuis octobre 2009, j’ai intégré un club théâtre, réalisant ainsi un fantasme qui date de mes 18 ans, donc presque hier, et que je n’avais pu réaliser à l’époque, vivant sous le joug de grands-parents très soucieux de ma réussite scolaire. Les pauvres, s’il se doutaient que le temps économisé en n’allant pas au club de théâtre n’a pas été utilisé à révise !
Bref, forte d’une frustration de presque trois lustres, m’y voici, m’y voilà.

La séance commence presque toujours par une petite séance de relaxation, histoire de se débarrasser des soucis de l’extérieur, de libérer l’imaginaire et de ne pas se trimballer les casseroles de la journée pendant le cours.
Puis suivent quelques exercices.
Parfois un peu difficiles, car faisant appel à un minimum d’imagination (qu’on n’a pas forcément au sortir d’une journée principalement vouée aux bytes, mais passons), ou à une organisation de groupe (pour des petites impros, par exemple).

Et parfois, c’est très drôle, voir assez abasourdissant (sans déc, abasourdissant, ça existe, j’ai eu un doute énorme, mais google, wikitonnaire et tous le reste du monde a l’air d’accord, alors, avis aux amoureux des mots inusités !).

Exemple. Le lâcher prise.
Il s’agit là, évidemment, de s’oublier complètement, de faire fi de sa propre personne, personnalité, histoire, sentiments, etc, et de se laisser librement aller à l’être à incarner. L’exercice consistait à jouer un diner de 4 personnes, pendant lequel chaque convive se transforme en un animal, développant petit à petit, par petite touches distillées au cours du repas, des tics physiques, verbaux, cris et autres astuces de jeu, pour marquer la transmutation.
Ma voisine : « ooh, mais vous avez changé la déco ? boooaat » lançant en avant menton et nez, dans le fameux geste du picorage.
Moi à ma voisine : « ouuh, dis donc, ça va toi ? tu nous a fait peur à l’instant, dis donc ! OUH OUH AH AH AAAAAAH » cognant gentiment son épaule de mon poing , comme tout bon singe qui se respecte.
Et ainsi de suite. Jusqu’à ce que chacun joue intégralement le rôle de l’animal qu’il a choisit, et qu’on se retrouve tous à courir dans tous les sens dans la pièce, poussant les cris les plus improbables.
Ben, je me suis jamais sentie aussi singe. J’étais le singe. J’avais réussi l’exercice. Je faisais les cris, je levais les bras, phalanges molles, puis les baissais et m’accroupissais pour un galop simiesque.
A tel point que lorsque l’exercice s’est terminé, j’ai entendu comme un « PLOC ! » dans ma tête (un suicide neuronal ?), comme si je revenais au réel, j’ai rougi jusqu’à la racine des cheveux et suis allée m’asseoir discrètement, réalisant qu’il allait falloir que j’assume totalement l’image que je venais de renvoyer.

Autre exemple l’interprétation de chanson
L’idée n’était pas de forcément et littéralement chanter une chanson, chanson que chacun pouvait choisir librement, de préférence en français, point crucial pour que tout le monde soit en mesure de comprenne la fameuse interprétation de la personne sur scène.
Une jeune fille, de caractère plutôt emprunté, a surmonté sa réserve en faisant un playback d’interprétation sur les Flamandes de Brel. Et sans le vouloir, elle s’est mise à sensiblement faire des mouvements plutôt hip-hop/r’n’b. Ben ça avait super la classe, c’est ce qui m’a fait réaliser que cette chanson a une rythmique hyper moderne, l’ensemble était génialissime. Pour ma part, j’avais choisi Game Over, de Clarika, où la chanteuse raconte une journée de loose totale, qu’elle passe à se goinfrer, se faire des grimaces de top modèle devant la glace, regarder des daubes à la télé, prendre des bains en buvant du thé, tout ça au lieu de travailler. Donc culpabilité, la merditude intérieure, se terminant par une explosion disco. Que j’ai interprété assise sur une chaise, enchaînant les pauses blasées, déconcertées, vannées, mimant la fatigue, la lassitude, la culpabilité, etc, tout en dégoulinant petit à petit du siège vers le sol, pour finir par une interprétation disco pas piquée des hannetons. C’était super à faire, la chanson se prêtait vraiment à une forme de jeu de scène, je m’en suis pas mal délectée.

Mais les choses sérieuses se profilent petit à petit… Il faut maintenant préparer le spectacle de fin d’année. Deux pièces seront à l’affiche : Un Air de Famille, et Cuisine et Dépendances. Oui, deux Bacri/Jaoui. J’ai la chance de jouer dans les deux, deux rôles aux antipodes : la mère acariâtre dans un Air de Famille, et la femme active qui revoit son ex d’il y a 10 ans dans Cuisine et Dépendances. Rien à voir, les deux, là. La mère est très caricaturale, ce qui a l’air un peu plus facile, et qui l’est, d’ailleurs, j’ai l’impression. Par contre, l’autre rôle, est assez naturel, et alors c’est stupide, mais c’est très compliqué de faire du naturel qui se met en colère ou qui rigole. Parce qu’il n’y a rien à exagérer… Enfin, on verra bien.

Et ça entraine la mémoire ! Car, dans l’apprentissage du texte, ce n’est pas apprendre ses propres tirades qui est difficile. C’est d’apprendre à les recaser, à intervenir pile au bon moment, en fait, il faut tout autant apprendre son texte que celui des autres ! Et ça, c’est la pression. Pour le moment, je m’aide encore de mes bouquins pour resituer les interventions, et parfois quelques répliques, mais il va falloir déjà terminer d’apprendre mon texte, et ensuite masteriser le replacement. Pfiouuuuuu !!!

Et passer en chinage de friperies pour le costume de la mamie ! Ca va donner !

Et puis on peut dire que commencer une arrivée sur « il faut que je fasse pipi tout de suite, moi », ça a la classe suprême ! Et ça me colle à la peau ! ^^



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