mardi 14 décembre 2010

Glah-Bih. A peu de choses près, c'est le mot que je cherche.

Pour exprimer la sensation qui me parcourt, quand je lis des choses que mon cerveau interprète comme étant un peu "gores", pour l'image qu'il s'en fait.
Le genre de description qui fait mal à la peau, sous la peau, qui donne un frisson d'effroi pour de vrai, et qui se termine systématiquement par un secouage de tête involontaire, comme pour chasser l'atroce image et la sensation qui stagne et qui fait mal.

C'est ce que je viens de ressentir à la lecture de l'incident "pansement" du petit Artus de Mawouie.

Et ça me rappelle toujours cette scène... Eurgkh....

Je crois qu'il y a u ne dizaine ou une douzaine d'années, je ne situe plus très bien, ma mère s'est faite opérer. Un lifting de l'arrondi du visage (pour les ba-joues, les mêmes que celles qui se dessineront sous peu sur mon visage à moi, génétique de mes deux), et pour ce qu''on appelle "les casquettes" (lorsque la paupière supérieure non mobile, la peau qui est juste entre le sourcil et la paupière mobile, s'avachit et recouvre la paupière mobile, ce qui est sensé ternir et vieillir le regard).

Déjà, la visite à l'hôpital n'a pas été super fastoche, les hôpitaux, pour en avoir un peu soupé, j'apprécie moyen, pire, ça me met dans un état vaseux et brumeux.
Dans la chambre, la lumière est tamisée à mort, pour ménager la vue de l'opérée, et probablement la vision des visiteurs. Oui, un lifting et du découpage de paupières, quand ça n'a pas encore quelques semaines d'âge, ça laisse quelques traces, de type ecchymoses violacées, il y a des fils dans tous les sens, on est bouffi, on articule pas très bien, et pis on a mal, je crois. Donc la lumière tamisée arrange tout le monde. En plus, ma mère, avec ses goûts sûrs en ethétique, s'est prise très vite d'une passion pour les lunettes de vue dont les carreaux se teintent au moindre rayon de lumière, ça fait un peu pédophile, maintenant je m'en rends compte.

Tous les éléments étaient réunis pour que ça se passe bien. Mais en fait non. Imaginer que la chair de ma chair (c'est les parents qui disent ça généralement, mais ça marche aussi dans l'autre sens, en fait...) a subi de telles manipulations et charcutages, ça m'a tourneboulée, et je me suis sentie partir. Alors je me suis assise près de la fenêtre pour oublier, et ne pas montrer que je partais chez les Watoo-Watoo.

Au retour, dans ma voiture, havre de paix, à chaque feu rouge, je plaquais mes mains sur mes joues, avec une sensation de douleur cuisante, pas sur le visage, mais sur les mains. Le cerveau est formidable quand il s'agit d'inventer des vues de l'esprit.

Mais le meilleure moment, ça a été au retour à la maison. Quand la cicatrisation a commencé.
Pour le détail technique, un lifting du bas du visage consiste évidemment à retendre la peau, mais le but est de découdre le lobe des oreilles jusqu'assez haut, pour y recoudre la peau tendue, puis recoudre l'oreille par dessus. Logique.

Un après-midi, ma mère me demande de l'aide pour procéder à la toilette de ses cicatrices, l'arrière de l'oreille n'étant pas très commode à observer par soi-même, et l'opération étant fraîche, un rapide coup de gant de toilette ou de frottage de doigt aurait été grandement insuffisant ou horriblement douloureux.

C'est donc en serrant la mâchoire, les dents, et en déglutissant très fort que je m'atèle à cette mission. Dont je savais déjà qu'elle dépassait grandement le cadre de mes compétences, mais encore plus la latitude de ma tolérance visuelle et mentale.

Derrière ma mère, je repousse ses cheveux longs, j'opère avec du coton hydrophile imbibé d'eau et d'un peu de savon. Et là....

Le spectacle était à la hauteur de ce que je craignais. Un mélange entre BrainDead et Freddy Krugger. Du sang séché derrière les oreilles, des amas de choses noirâtres, et rougeâtres, des agglutinements de matières indescriptibles. Y avait peut être pas mal de lymphe séchée en croûte aussi...

De la main gauche, je tamponne gentimment, une grosse boule à la gorge, et de la main droite, je manipule tout doucement l'oreille pour atteindre un peu les plis.

Et là, tout a basculé.... je découvre.... je.... "mais.... il n'est pas recousu ton lobe......."

Ouais. Parfaitement. Je sais pas trop, je crois pourtant qu'elle avait pris le forfait "suture post op", mais...

A gerber, je vous dis.


"Salut, moi, c'est Orlan. Mon but dans la vie ? A la base, je voulais être le patchwork des parties parfaites de chaque emblème de la beauté féminine, par chirurgie. Bon, ça a un peu merdé. Alors du coup, je filme tout, et c'est ça, mon art. La chirurgie filmée. Et les implants frontaux."

4 commentaires:

  1. Bon, tu es priée d'éviter de genre de post à l'avenir... Aaarg, et en plus je suis en train de manger. Merci, franchement, merci.

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  2. Ah oui tiens, pourquoi on pense visiblement tous à pédophiles quand on pense à "verres polarisés" ? Alors qu'on devrait penser à technologie trop geek, quand on pense au concept derrière. Mais non, on pense pédophile, je confirme.

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  3. Est-ce que toi aussi tu as eu l'impression que tout allait ressortir par la plaie non suturée ?

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  4. Ben, derrière l'oreille, on s'attend pas à voir sortir grand chose, à vrai dire... Par contre... l'état de l'affaire, à l'oeil nu... C'était positivement à gerber.
    Quand j'étais petite, que je rétamais la margoulette, et que je m'écorchais sévèrement les genoux, j'ai toujours été impressionée par les textures différentes que prennent les croûtes que le sang forme sur la peau en coagulant puis en séchant. Ca m'a toujours fait penser à de la confiote de fraises qu'on aurait laissé là, une sorte de genou-tartine.

    Bon, ben derrière les oreilles de ma reum, c'était de la confiote de myrtilles, en gros. Avec les morceaux, et tout.

    ^^

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